Dans la mythologie grecque, les Moires sont les divinités du Destin, trois sœurs qui président respectivement à la naissance, au déroulement de la vie puis à la mort. Elles sont généralement représentées comme des fileuses mesurant la vie des hommes et tranchant le destin. Elles sont le symbole de l'évolution de l'univers, du changement nécessaire qui commande aux rythmes de la vie et qui impose l'existence et la fatalité de la mort.
JM Strudwick
Elles inspireront les Parques (du latin Parcae, de parco, parcere, « épargner »), dans la mythologie romaine.
Leurs origines sont très floues. Selon les versions, elles sont les filles, soit de Zeus (Jupiter) et de Héra (Junon) soit de Zeus et de Thémis, soit de Nox (Nyx, la nuit) et de l'Érèbe, soit, selon Platon , de Ananké, déesse de la Nécessité et du Destin. D'autres traditions les rattachent aux divinités Ouranos et Gaïa. Le poète crétois Épiménide les suppose nées de Cronos et d'Évonymé et sœurs d'Aphrodite et des Euménides.
Lachésis sur le Puteal de la Moncloa, tête de puits en marbre de style néo-attique du IIème siècle
L'obscurité de leur naissance indique qu'elles ont exercé leurs fatales fonctions dès l'origine des êtres et des choses ; elles sont aussi vieilles que la Nuit, la Terre et le Ciel. Elles habitent un séjour voisin de celui des Horae (Heures), leurs possibles sœurs, dans les régions olympiques, d'où elles veillent non seulement sur le sort des mortels, mais encore sur le mouvement des sphères célestes et l'harmonie du monde. Elles ont un palais où les destinées des hommes sont gravées sur du fer et sur de l'airain, de sorte que rien ne peut les effacer. Immuables dans leurs desseins, elles tiennent ce fil mystérieux, symbole du cours de la vie, et rien ne peut les fléchir ni les empêcher d'en couper la trame.
Enluminure - Robinet Testard (1496-1498)
Dans l’Iliade, elles sont citées sous le nom collectif de Moîrai. Au départ, les Romains ne connaissaient qu'une Parque, la déesse Neuna Fata, qui symbolisait la destinée, et était associée à la naissance. C'est sous l'influence des Moires grecques que les Romains adopteront l'idée de trois Parques.
L’Odyssée les associe à des « fileuses », même si le rôle de fileuses du destin ne leur est pas réservé: Zeus ou même les dieux tous ensemble peuvent être impliqués.
On peut se représenter leur travail de filage comme achevé au moment de la naissance ou se poursuivant pendant toute la vie jusqu'au moment où tout le fil a été entièrement déroulé du rouet. Le Destin est parfois personnifié de façon distincte de Zeus, parfois confondu avec lui. Mais en général, Zeus et les autres dieux sont soumis au Destin.
Bernardo Strozzi
Nona - ou Clotho pour les Grecs -, signifiant « filer » en grec, paraît être la moins vieille des Parques. Elle est « la Fileuse » qui tisse le fil de la vie. C'est elle qui fabrique et tient le fil des destinées humaines. On la représente souvent vêtue d'une longue robe de diverses couleurs, portant une couronne formée de sept étoiles, et tenant une quenouille qui descend du ciel vers la terre. La couleur qui domine dans ses draperies est le bleu. Elle est nommée sous la forme francisée Cloton à l'époque classique.
Jan van der Straet - Penelope at her Loom (Pénélope à son métier)
Decima - ou Lachésis pour les Grecs -, nom qui en grec signifie « sort » ou « action de tirer au sort », est « la Répartitrice », la Parque qui déroule le fil et qui le met sur le fuseau. Ses vêtements sont quelquefois parsemés d'étoiles, et on la reconnaît au grand nombre de fuseaux épars autour d'elle. Ses draperies sont de couleur rose. Lachésis, fille d'Ananké (la Nécessité), possède en outre une fonction qui consiste à avoir sur ses « genoux des sorts et des modèles de vie » qui sont distribués lors d'une cérémonie à l'issue de laquelle les âmes des défunts sur le point de revenir sur terre se voient présenter les « sorts » correspondant à leur réincarnation future en hommes ou en animaux.
Morta - ou Atropos pour les Grecs -, c'est-à-dire « inévitable » en grec, « l'Implacable », coupe impitoyablement le fil qui mesure la durée de la vie de chaque mortel. Elle est représentée comme la plus âgée des trois sœurs ; près d'elle, on voit plusieurs pelotons de fil plus ou moins garnis, suivant la longueur ou la brièveté de la vie mortelle qu'ils mesurent. L'image de la Parque coupant le fil de la vie devient très populaire à la Renaissance.
Enluminure Quenouille et Filage
Ces divines et infatigables filandières avaient aussi pour fonction de faire respecter le destin. Par exemple, elles empêchaient une divinité de porter secours à un héros lorsque son heure était arrivée. Elles incarnent une loi que même les dieux ne peuvent transgresser sans mettre l'ordre du monde en péril.
Leur rôle est également de poursuivre les crimes des hommes et des dieux et de ne déposer leur terrible colère qu'après avoir exercé sur le coupable une cruelle vengeance.
John William Waterhouse - Penelope and the Suitors (Pénélope et les Soupirants) (1912)
Les Romains rendaient de grands honneurs aux Parques (et les Grecs aux Moires), et les invoquaient ordinairement après Apollon, parce que, comme ce dieu, elles pénétraient l'avenir. On leur immolait des brebis noires, comme aux Furies (Érinyes).
Les Moires pouvaient être honorées comme déesses de la naissance; les jeunes mariées athéniennes leur offraient des boucles de cheveux, et les femmes les invoquaient en prêtant serment.
Paul Sérusier - Les Trois Fileuses aux Feuilles de Chêne
Les anciens représentaient les Parques sous la forme de trois femmes aux visages sévères, avec des couronnes faites de narcisses. D'autres les ornaient de couronnes d'or ; quelquefois, une simple bandelette leur entoure la tête ; rarement elles paraissent voilées. Pausanias et d'autres auteurs anciens les couronnaient de branches de chêne vert, espèce végétale au feuillage sempervirent symbolisant la pérennité, l'immuabilité entre la vie et la mort.
Gustave Courbet - La Fileuse Endormie
Et si les fileuses s'endormaient et oubliaient de contrôler notre destin ?
Cette page est inspirée de Wikipedia et modifiée par mes soins.
Elle pose la question de la prédestination et du libre arbitre. Notre destinée est-elle écrite ? Sommes-nous libres de vivre à notre guise ?