Il y a eu récemment une émission très intéressante consacrée à Marie-Antoinette, reine fascinante au destin tragique. J’avais déjà lu l’énorme biographie de Stefan Sweig, et j’ai eu envie de me replonger dans sa vie.
Marie-Antoinette est née un 2 novembre 1755 à Vienne (Autriche). La veille de sa naissance, jour de la Toussaint, un tremblement de terre ravage Lisbonne. Certains y verront, après coup, un mauvais présage.
Son mariage avec le futur Louis XVI est orchestré par sa mère, Marie-Thérèse, dans le but de réconcilier, après des décennies de guerres fratricides, les Habsbourg et les Bourbons.
Le 19 avril 1770, son mariage est célébré par procuration. Puis elle quitte Vienne, qu'elle ne reverra jamais. Elle n’a que quatorze ans.
En France, tous les biens venant de son pays d’origine, même ses vêtements, lui sont retirés.
Sur la route, tous les habitants des campagnes la saluent, la complimentent, l’acclament, contemplent sa beauté, son sourire enchanteur, sa douce physionomie.
Le soir où l'on fête le mariage princier, est tiré un magnifique feu d'artifice. Une fusée tombe sur les pièces d'artifice, provoque un incendie, et la mort de plusieurs centaines de victimes.
A la mort de Louis XV, elle devient reine de France et de Navarre à 18 ans. Sans héritier et toujours considérée comme une étrangère, elle devient la cible de premières chansons hostiles qui circulent de Paris jusqu’à Versailles.
Une véritable coterie se monte contre elle, des pamphlets circulent, d'abord de courts textes pornographiques puis des libelles orduriers. Elle est considérée comme une nymphomane perverse. On l’accuse d’avoir des amants (le comte suédois Hans Axel de Fersen) et même des maîtresses (la duchesse de Polignac).
Marie-Antoinette ne veut être gouvernée, dirigée, guidée par personne. Elle passe son temps à se divertir. Elle aime le théâtre, la comédie, les bals masqués de l'Opéra, inconvenants, juge-t-on, pour une reine de France. Tous les soirs, elle joue au Pharaon jusqu'à deux ou trois heures du matin. L'opinion publique lui reproche sa légèreté, sa passion du jeu, ses goûts dispendieux en matière de toilettes et de réceptions, d’aménagements et décorations de ses appartements, et de faire le jeu de l’Autriche, désormais dirigée par son frère Joseph II.
Pourtant, les toilettes et les fêtes coûteuses qu’elle organise contribuent au rayonnement de la France, notamment pour la mode et le commerce du textile. Elles ne représentent que 7 % du budget du royaume, soit guère plus que les règnes précédents.
S’entourant d’une petite cour d’amis vite qualifiés de favoris, elle suscite la jalousie des vieux courtisans qu’elle a évincés. Par son désir de plaisirs simples et d’amitiés exclusives, Marie-Antoinette se fait de plus en plus d’ennemis.
Pour retrouver à Versailles ce qu’elle a connu à Vienne – une vie plus détendue en famille avec ses amis –, elle va souvent avec quelques privilégiés au Petit Trianon (construit par Louis XV pour Madame de Pompadour). Dans son petit théâtre du Trianon, elle joue notamment Le Barbier de Séville de Beaumarchais et tient souvent des rôles de servante devant un Louis XVI amusé. Elle fait bâtir un village modèle, le Hameau de la Reine, où elle installe des fermiers.
Les usages ne sont pas ici ceux de la Cour, ils imitent plutôt la simplicité de vie de la gentilhommerie. Vivre loin de la pompe monarchique, échapper à la tyrannie de l'étiquette, abandonner les habits de Cour pour "une robe de percale blanche, un fichu de gaze, un chapeau de paille", fait son bonheur. Au hameau - auquel on a donné "à grands frais l'aspect d'un lieu bien pauvre" – elle joue à la fermière, regarde pêcher dans le lac ou assiste à la traite des vaches.
Huit ans et demi après son mariage, elle accouche de son premier enfant, le seul qui parviendra à l'âge adulte. Trois autres suivront.
Marie-Thérèse-Charlotte (1778-1851), dite "Madame Royale"; Louis-Joseph Xavier François (1781-1789); Louis-Charles (1785-1795); Sophie-Béatrice (1786-1787).
On ne manque pas d'affirmer que ses enfants, en particulier ses fils, ne sont pas de Louis XVI.
En juillet 1785, éclate l’« affaire du Collier » : les joailliers Boehmer et Bassange réclament à la reine 1,6 million de livres pour l’achat d’un collier de diamants qu’elle n’a pas commandé. C’est le cardinal de Rohan, abusé par un couple d’aventuriers, qui a mené les tractations en son nom, à son insu. La reine ignore tout de cette histoire. Bien qu’innocente, elle sort de cette affaire déconsidérée auprès du peuple.
Marie-Antoinette, consciente de son impopularité, tente de réduire ses dépenses, ce qui déclenche de nouveaux éclats quand ses favoris se voient privés de leurs charges. Malgré tout, les critiques continuent, la reine gagne le surnom de « Madame Déficit » et on l’accuse de tous les maux, notamment d’être à l’origine de la politique anti-parlementaire de Louis XVI.
En 1787, Marie-Antoinette perd sa fille Sophie-Béatrice (âgée de 11 mois). Elle vivra très douloureusement cette perte. Puis, le 4 juin 1789, le petit dauphin disparaît à son tour.
Bouleversée par cet événement et désorientée par le tour que prennent les Etats généraux, Marie-Antoinette se laisse convaincre par l’idée d’une contre-révolution. En juillet, Necker démissionne. Le peuple interprète cette démission comme un renvoi de la part du roi. Un livre de proscription circule dans Paris. Les favoris de la reine y sont en bonne place et la tête de la reine est mise à prix. On l’accuse de vouloir faire sauter l’Assemblée et on la soupçonne de vouloir vendre la patrie à l’Autriche.
La reine brûle ses papiers et rassemble ses diamants, elle convainc le roi de quitter Versailles. Le 20 juin 1791 débute la tentative d'évasion, stoppée le lendemain par l’arrestation à Varennes.
Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre à l'Autriche.
Le 10 aout, c’est l’insurrection. Les Tuileries sont prises d’assaut, les gardes massacrés, le roi et sa famille doivent se réfugier à l’Assemblée. La famille royale est transférée à la prison du Temple. La princesse de Lamballe, proche amie de la reine est sauvagement assassinée, démembrée, mutilée, déchiquetée et sa tête est brandie au bout d’une pique devant les fenêtres de Marie-Antoinette pendant que divers morceaux de son corps sont exposés en trophée dans Paris. Les auteurs du meurtre veulent obliger la reine à embrasser la tête de "sa grue".
Elle comparaît devant le Tribunal révolutionnaire. Le dossier est monté très rapidement. Pour charger l’accusation, on fait témoigner le dauphin contre sa mère qui est accusée d'attouchements incestueux sur l'enfant.
On l’accuse d’entente avec les puissances étrangères. Lorsque le jury rend son verdict, il n’existe aucune preuve de l’accusation de haute trahison que l’on impute à la reine. Il apparaît en effet que l'Autriche et les monarchies d'Europe se préparaient à la guerre contre la France. Sa correspondance avec le comte de Fersen laisse néanmoins penser qu'elle éprouve du ressentiment vis-à-vis de la France: « Dieu veuille qu'enfin on se venge de tous les outrages qu'on reçoit dans ce pays-ci » ! , écrit-elle.
Marie-Antoinette est exécutée le 16 octobre 1793 à midi et quart. Le matin, elle est menée sur une charrette – alors que Louis XVI avait eu droit à un carrosse –, jusqu'à la place de la Révolution, actuelle place de la Concorde. Elle subit avec dignité les sarcasmes et les insultes de la foule. C'est avec courage qu'elle monte à l'échafaud.
Selon une légende, ses cheveux auraient entièrement blanchi la nuit précédant sa montée sur l'échafaud.
Les bières des membres de la monarchie sont recouvertes de chaux. Marie-Antoinette est inhumée avec la tête entre les jambes dans la fosse commune de la Madeleine. Ses restes et ceux de Louis XVI furent exhumés le 18 janvier 1815 et transportés en la basilique de Saint-Denis.
Axel de Fersen
Un doute subsiste sur la nature de sa liaison avec Hans Axel de Fersen. Les fidèles inconditionnels considèrent que la soupçonner d’infidélité est un outrage envers la monarchie. Jeanne Campan, sa femme de chambre, défend la probité de sa maîtresse dans Ses Mémoires.
Tous les 16 octobre, jour anniversaire de sa mort, de nombreuses personnes se rendent en pèlerinage au château de Versailles afin d'y déposer des fleurs dans ses jardins. Marie-Antoinette est la dernière souveraine à avoir porté le titre de reine de France.
(Texte adapté de Wikipedia)
On ne peut que constater à quel point la xénophobie, l'inhumanité, la barbarie perdurent, depuis la nuit des temps. Quand on pense à l'hostilité, à la malveillance qui existent parfois entre les habitants de villages voisins, il y a de quoi être songeur sur la bêtise et la méchanceté "humaines". Les êtres dits "humains" aiment à s'acharner sur leur congénères, surtout quand ils sont en nombre.......
Le Tonneau de la Haine
La Haine est le tonneau des pâles Danaïdes;
La Vengeance éperdue aux bras rouges et forts
A beau précipiter dans ses ténèbres vides
De grands seaux pleins du sang et des larmes des morts,
Le Démon fait des trous secrets à ces abîmes,
Par où fuiraient mille ans de sueurs et d'efforts,
Quand même elle saurait ranimer ses victimes,
Et pour les pressurer ressusciter leurs corps.
La Haine est un ivrogne au fond d'une taverne,
Qui sent toujours la soif naître de la liqueur
Et se multiplier comme l'hydre de Lerne.
Mais les buveurs heureux connaissent leur vainqueur,
Et la Haine est vouée à ce sort lamentable
De ne pouvoir jamais s'endormir sous la table.
Charles Baudelaire