Les Chats

Rendez-vous

La Prière du Chat (1)

A mon Maître

Ne me prends pas pour esclave,

Car j'ai en moi le goût de la liberté.

Ne cherche pas à deviner mes secrets,

Car j'ai en moi le goût du mystère.

Ne me contrains pas aux caresses,

Car j'ai en moi le goût de la pudeur.

Ne m'humilie pas,

Car j'ai en moi le goût de la fierté.

Ne m'abandonne pas,

Car j'ai en moi le goût de la fidélité.

Sache m'aimer et je saurai t'aimer

Car j'ai en moi le goût de l'amitié.

Le Chat

Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;

Retiens les griffes de ta patte,

Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,

Mêlés de métal et d'agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir

Ta tête et ton dos élastique,

Et que ma main s'enivre du plaisir

De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit.

Son regard,

Comme le tien, aimable bête,

Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et des pieds jusques à la tête,

 Un air subtil et un dangereux parfum,

Nagent autour de son corps brun.

Baudelaire - Les Fleurs du Mal

Prière du Chat (2)

Mon maître, mon ami,

Toi qui m'offres la douce quiétude de ton foyer,

Respecte mon goût de la liberté

Et ne m'enchaîne à toi

Que par les sentiments qui nous lient.

Ta présence fait mon bonheur,

Mais je médite;

Ne cherche pas à deviner mes pensées.

J'ai gardé le goût sauvage du lycée.

Ne trouble pas mon sommeil, il est nécessaire à mon équilibre.

Et lorsqu'à toi je viens

Donne-moi abondance de caresses.

Pour mon péché de gourmandise pardonné,

Te sera acquise toute mon amitié.

Les Chats

Les amoureux fervents et les savants austères

Aiment également dans leur mûre saison

Les chats puissants et doux, orgueils de la maison,

Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.

Amis de la science et de la volupté,

 Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres;

L'Erèbe les eut pris pour ses courriers funèbres;

Sils pouvaient au sevrage incliner leur fierté.

Ils prennent en songeant les nobles attitudes

Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,

Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin;

Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques,

Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,

Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.

Baudelaire - Les Fleurs du Mal

  

Commentaires (1)

1. Francesca47 24/10/2009

Bonjour,

J'ai accepté avec plaisir votre demande de devenir amis et je viens de visiter votre site, ce que je préfère ce sont les poèmes sur les chats (pour ma part, j'en ai 4... no comment) et les photos du carnaval de Venise (est-ce que vous avez assisté à ce carnaval... un de mes rêves) je connais bien Venise mais pas à cette période.
Bonne continuation, site très sympa.
Pour ma part, j'en ai un deuxième :

http://bijoux-de-createurs.e-monsite.com

A bientôt
Francesca47

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