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Le Mythe de Sisyphe

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Charles Andraos - 2010

" Et je vis Sisyphe qui souffrait de grandes douleurs et poussait un énorme rocher avec ses deux mains. Et il s’efforçait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu’au sommet d’une montagne. Et quand il était près d’en atteindre le faîte, alors la masse l’entraînait, et l’immense rocher roulait jusqu’au bas. Et il recommençait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s’élevait au-dessus de sa tête. "

Ainsi Homère décrit-il le supplice de Sisyphe, condamné à faire rouler une énorme pierre jusqu’en haut d’une montagne, et encore et toujours, indéfiniment.  Selon lui, Sisyphe était le plus sage des mortels. Son nom signifie d’ailleurs « homme sage ». 

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Sisyphe serait un descendant de Prométhée. Il est le fils d’Éole, le dieu du vent, et de Méropé, la fille d’Atlas. Il est le fondateur de Corinthe. Certains mythographes font un portrait moins élogieux de Sisyphe, et le montrent commettant toutes sortes de brigandages et rompant les lois de l’hospitalité pour tuer les voyageurs qui tombaient entre ses mains, séduisant sa nièce Tyro, fille de Salmonée, violant la fille d'Autolycos, Anticlée qui suite au viol mit Ulysse au monde. Il passe donc pour le vrai père d'Ulysse.

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Sisyphe est connu pour avoir déjoué Thanatos. Un jour Zeus, sous la forme d’un aigle, kidnappe la nymphe Egine (fille du fleuve Asopos) et cache celle-ci dans la ville de Corinthe. Désespéré, son père Asopos part à sa recherche. C’est alors que Sisyphe a le courage de suivre sa conscience et de s’opposer à Zeus. Il aide Asopos en dénonçant le dieu suprême, le ravisseur de sa fille. Trahir les dieux est l’erreur absolue pour un mortel, si bien que, fou de rage, Zeus décide de punir Sisyphe. Il envoie donc Thanatos lui infliger un châtiment éternel. Alors le dieu des morts se présente devant Sisyphe avec une paire de menottes. Malin, le jeune homme fait croire à Thanatos que celles-ci ne marchent pas et pour le prouver il n’a qu’à les essayer. Thanatos tombe dans le panneau et enfile les menottes qui évidemment ferment très bien. Sisyphe séquestre le dieu des Enfers dans une prison de Corinthe. Et pendant l’absence du dieu, le royaume des défunts vire à l’anarchie et se dépeuple de plus en plus. Zeus, furieux de l’insolence de Sisyphe envoie Hadès délivrer Thanatos et capturer le traître. Rusé, comme toujours, Sisyphe se rend.  Mais il a préalablement convaincu sa femme de ne pas lui faire de funérailles adéquates. Il peut ainsi convaincre Hadès de le laisser  retourner dans le monde des vivants, pour punir sa femme. Une fois revenu à Corinthe, il refuse de retourner parmi les morts. Thanatos (ou même Hermès, selon certaines traditions) doit alors venir le chercher de force. Pour avoir osé défier les dieux, Sisyphe est condamné, dans le Tartare, à pousser éternellement un rocher au sommet d’une montagne sans jamais y parvenir : à peine Sisyphe est-il arrivé près de son but que le rocher roule vers le bas, et tout est à recommencer. Ainsi Sisyphe roule son rocher jusqu’à la fin des temps.

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Perséphone surveillant Sisyphe dans les Enfers, amphore attique à figures noires, v. 530 av.JC

 Sisyphe a trahi les dieux en révélant des secrets divins, et il a enchaîné le dieu de la mort, Thanatos, de façon à empêcher les morts d’atteindre les enfers. Sa punition figurait sur bien des vases grecs. On le représente nu ou portant une fourrure sur les épaules, en train de rouler un rocher. Pour les Grecs anciens, ce mythe rappelait aux mortels qu'une rébellion contre les dieux et leur implacable justice était une pure folie.

Ce supplice éveille des échos dans notre monde moderne: l'expression "un travail de Sisyphe" qualifie une tâche interminable et ardue, qu'il faut toujours recommencer pour un résultat nul ou incertain. Il semble que nous tous soyons condamnés à accomplir des tâches et à les reproduire indéfiniment.

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("La lutte elle-même (vers les sommets) suffit à remplir le coeur d'un homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.")

Le Mythe de Sisyphe est un essai rédigé par Albert Camus, publié en 1942. Il fait partie du « Cycle de l'absurde ». Dans cet essai philosophique, Camus qualifie Sisyphe de héros absurde. Il y établit pourquoi la vie, malgré l'absurdité du destin, vaut la peine d'être vécue. Camus fait le rapprochement entre la vie comme un éternel recommencement obéissant à l'absurde, et Sisyphe.  Selon lui, Sisyphe trouve son bonheur dans l'accomplissement de la tâche qu'il entreprend, et non dans la signification de cette tâche. Travailler empêche de penser à l’absurdité de notre vie. Pour Camus, le bonheur revient à vivre sa vie tout en étant conscient de son absurdité, car la conscience nous permet de maîtriser davantage notre existence. Le héros absurde apprécie sa vie, recherchant toujours la même flamme, la même passion qui l'anime, comme le fait Don Juan en recherchant toujours cette première passion de femme en femme.

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La volonté d'arriver suffit à tout. Comme Sisyphe nous soulevons des poids…inlassablement, et pourtant cette lutte quotidienne et répétitive donne du sens à nos vies. Non pas dans les résultats qu’elle suppose car la performance n’a qu’une valeur relative tant elle est éphémère et éloignée de nos ambitions et, comme Sisyphe, nous ne parviendrons jamais au sommet de la colline. C’est alors dans la répétition de l’action même de soulever que tout se révèle, dans les perceptions et les sensations qu’elle nous procure pour finalement ne retenir que la qualité de la lutte…et devenir des Sisyphe heureux.

Toutes ces tâches peuvent sembler répétitives et vaines… sauf pour celui qui est animé par le désir de progresser, un travail de Sisyphe est source de joie et de satisfaction…Camus envisage Sisyphe comme un héros qui se rebelle contre les lois et qui endosse la responsabilité de son acte. Le travail sans fin de Sisyphe, c'est l'existence humaine, la vie de l'Homme. Cette vie, chacun peut la subir ou la faire sienne. Chacun peut être passif ou, comme Sisyphe, mordre à pleines dents dans chacun des instants qui la composent…

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" Il s'agit de savoir si la vie doit avoir un sens pour être vécue. Sisyphe est le héros absurde. Son mépris des dieux, sa haine de la mort et sa passion pour la vie, lui ont valu ce supplice indicible où tout l'être s'emploie à ne rien achever. C'est le prix qu'il faut payer pour les passions de cette terre. Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d'où il faudra la remonter vers les sommets. C'est pendant ce retour, cette pause, lorsque la pierre redescend, que Sisyphe m'intéresse. Un visage qui peine si près des pierres est déjà pierre lui-même ! Je vois cet homme redescendre d'un pas lourd mais égal vers le tourment dont il ne connaîtra pas la fin.  A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s'enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher.
Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. Il n'y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit. L'homme absurde dit oui et son effort n'aura plus de cesse. aveugle qui désire voir et qui sait que la nuit n'a pas de fin, il est toujours en marche. Le rocher roule encore. Cet univers ne lui paraît ni stérile ni futile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde.
Je tire ainsi de l'absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté et ma passion. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie.


 Mais il s'agit de vivre, même si vivre n'est jamais facile."

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("Au milieu de l'hiver, j'ai découvert en moi un invincible été")

"La grandeur de l'homme est dans sa décision d'être plus fort que sa condition."

Le mythe de Sisyphe peut s'apparenter au cycle du soleil qui s'élève chaque jour pour plonger à nouveau le soir sous l'horizon. Il peut aussi figurer les marées ou les vagues qui montent pour soudainement redescendre. Il peut s'agir aussi d'une métaphore de la vie cyclique elle-même.

Sa punition signifie qu'il n'y a pas de châtiment plus terrible que le travail inutile et vain, qu'un homme aussi astucieux soit condamné à s'abrutir à rouler un rocher éternellement. On perçoit l'absurdité du personnage tant dans le désespoir de tenter d'échapper à une mort inévitable, que dans la tentative d'achever un travail interminable.

La sagesse antique rejoint l'héroïsme moderne. Elle fait du destin une affaire d'homme.

 Sisyphe est un homme libre et fidèle à lui-même. Il est opiniâtre, téméraire. Qui sait s'il ne réussira pas un jour à maintenir en haut de la montagne la pierre qui roule perpétuellement ?

Texte adapté de Wikipedia, et de wku.edu et modifié par mes soins !

Commentaires (2)

1. Océane 09/02/2017

Quel est le sens réel de ce mythe ?
En quoi ce Mythe a un sens aujourd'hui ?

Merci par avance pour vos réponses.

2. Kate (site web) 09/02/2017

Merci pour votre commentaire, Océane.
A mon sens, le mythe de Sisyphe figure le destin de l'Homme qui paraît absurde puisque dès sa naissance son sort est scellé - nous mourons tous à la fin - et malgré cela, l'Homme se reproduit à l'infini, espère en des jours meilleurs, s'active et s'amuse pour éviter de penser à l'éventuelle inanité de notre vie sur Terre. Il n'a pas d'autre choix que de subir son destin.

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