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Que Tal

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C'est drôle, par hasard j'ai entendu une émission à la télé où  l'écrivain Daniel Arsand parlait de son livre Que Tal paru le 3 janvier 2013. Mais est-ce un hasard? Ma vie entière est régulièrement constellée de hasards, de coïncidences.

Cet écrivain parle de la douleur provoquée par la mort de son chat prénommé Que Tal. Peu de gens comprennent l'attachement immodéré qu'un être humain et un animal peuvent éprouver l'un pour l'autre. Lorsqu'il disparaît, ils vous disent, pour vous consoler, d'en prendre un autre. Ils ne peuvent comprendre que cet animal était unique et donc aussi irremplaçable qu'un être humain qui leur est cher, leur mère, leur père, leur frère, leur soeur, un ami......et que ce serait le trahir que de le remplacer par un autre, après tout ce qu'on a partagé et  éprouvé. Cet animal n'était ni un gadget ni un objet. Ce serait une offense faite à l'unicité de cette histoire commune que nous avons vécue, une belle histoire, une histoire rare, incroyable, exceptionnelle et je ne suis pas dithyrambique. Ces mots ne sont ni excessifs, ni outranciers, car c'est la réalité.

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Je dis qu'il est bizarre que j'aie entendu cette émission car la veille une personne m'avait blessée en me disant qu'éprouver une telle affection envers un animal n'était pas normal, qu'il fallait différencier les êtres humains des animaux, qu'ils n'avaient pas tant d'importance. Cette personne a remis en cause ma "normalité".

Cette émission m'a fait comprendre, s'il en était besoin, que je n'étais pas anormale, qu'il y a diverses façons de penser, d'éprouver, que nous sommes tous différents, et que nul n'a le droit de nous dicter notre façon d'éprouver ou non des émotions. Nul ne détient la vérité.

Daniel Arsand racontait tout ce que j'éprouvais, comme un double. Alors j'ai fait des recherches à son sujet et voici ce que j'ai trouvé.

Voici quelques extraits de son livre, que je n'ai pas lu, et quelques commentaires qui ne sont pas de mon fait:

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« Que l’on soit en janvier ou en juillet n’a aucune importance, que ce soit le printemps ou l’automne m’indiffère. Je ne sais pas ce qu’il pense, lui, des saisons, du passage de l’une à l’autre, j’ignore tout de ses songes et de ce que son regard retient, pourtant il m’est si proche, si proche et si indéchiffrable.
Qu’importe le froid ou le chaud, le dedans ou le dehors, puisque nous sommes ensemble, lui et moi, parce que nous sommes vivants au point d’oublier qu’un des deux puisse fausser compagnie à son presque double, à son presque semblable, à son compagnon, fausser compagnie, mourir, crever, au choix, noria, tout ce qu’on veut. Nous sommes dans notre histoire et nous croyons qu’elle n’est que du présent, à jamais, toujours, un aujourd’hui infini, d’une éblouissante monotonie. »
Que Tal, la beauté féline, le corps souple, chat magnifique, fut l’amour de son maître. C’est une histoire peu commune et c’est aussi un questionnement troublant sur la part animale présente en chacun de nous.

Le premier chapitre du livre est chargé de sensualité pour évoquer la rencontre entre le narrateur et Que Tal, le chat. Une relation d'amour s'établit entre eux deux, nous suivons cette évolution. La présence féline devient essentielle mais permet à son maître de se consacrer à l'écriture, même s'il ne peut vivre aussi librement ses rencontres amoureuses et sexuelles car le chat est omniprésent, ce que ne supporteraient pas ses amants.

Beaucoup d'émotion se dégage de ce texte qui est un cri de vie et de désespoir, un cri pour clamer que l'écriture est le socle de l'existence.

Que Tal est l'incarnation de tous les amours, de tous les morts et les absents où se cristallisent les passions, les souvenirs du narrateur. Une force se déploie dans l'écriture pour crier que nous sommes tous mortels et que l'amour est plus fort que tout. La solitude se peuple de tous ceux que nous avons aimés : "J'ai aimé des hommes, mais si mal, si furtivement, j'aime mes morts, mais c'est facile d'aimer des morts, c'est facile de ressusciter ceux qui vous ont engendré, il suffit d'avoir des mots, de construire une phrase, il suffit de savoir construire une histoire, de rassembler des souvenirs, mais il y en a peu des souvenirs qui parviennent à vous déchirer de part en part, à vous donner une voix."

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La vie, la mort hantent ce texte. Le retour sur le passé, sur la disparition des parents, renvoie au questionnement de qui nous sommes, qui étaient ceux qui sont partis et comment se tisse l'écheveau de la vie entre bonheur et peine : "Mon petit cœur en éponge ne s'épuise pas de les aimer, bêta et immense petit cœur, il bat pour un paysage, pour un animal, il me tient chaud, il sait battre, il me donne force, je suis grâce à lui quelqu'un saturé d'animalité, voilà ma nuit intérieure.
Ma nuit animale ne m'effraie pas.
Je suis constitué de nuit, je suis chez moi dans la nuit, il en est ainsi de certains animaux, la nuit est mon élément."

Un texte époustouflant et très poignant.

Brigitte Aubonnet (04/01/13)

Le texte de Daniel Arsand se présente comme une confession pour dire un certain mal-être, une solitude et une mélancolie qui l'ont longtemps entravé. C'est aussi et surtout un magnifique hommage à son compagnon félin durant douze années. Ce petit être poilu discret, mais exigeant et omniprésent qui va venir soigner la solitude qui rongeait son maître. L'amour de l'auteur pour son chat est palpable et rejaillit avec force entre les lignes. On sent son émotion lorsqu'il décrit la beauté sauvage de l'animal, leurs habitudes de vie commune…

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Daniel Arsant nous raconte aussi la douleur de la perte à la mort de son plus fidèle compagnon. Mort dont il se sent coupable et qui réveille en lui toutes les autres pertes. C'est l'occasion pour lui de passer en revue certains points douloureux de sa vie. Sa relation difficile aux autres, la dissimulation de son homosexualité tant que ses parents étaient vivants, la libération apportée par l'écriture.

Un livre magnifique, émouvant, bouleversant sur la relation de l'écrivain avec son chat Que Tal, mort en 2005.
Grâce à son écriture superbe, l'auteur nous emporte dans les méandres de sa vie, de sa relation avec les morts, la mémoire et l'écriture. QueTal, son chat adoré, est évoqué avec beaucoup de délicatesse et vous émeut aux larmes. Le deuil d'un animal est de l'ordre de l'indicible.

D'une écriture qui interroge et se souvient, soyeuse et déchirée, aussi sincère avec le lecteur qu'on devait l'être avec le chat, qui était « quelqu'un ». De l'appartement, il avait fait son royaume. Il avait ses parcours, ses habitudes et ses refuges, il disposait des espaces, et ses yeux pouvaient dire l'agacement ou traduire la quiétude. Il  C'est le chat — c'est Que Tal, auguste compagnon de Daniel Arsand, félin « couleur de neige et d'argent ». Que Tal est mort en 2005, mais il est toujours vivant, tant sa présence souple et mystérieuse occupe ce beau récit. Assis, couché ou confortablement lové dans quelques coussins, celui qui avait « le pouvoir de s'envelopper de sombre, de déchirer ce velours nocturne, par un seul glissement... », a aussi celui d'interroger le narrateur, presque sommé d'écrire sur lui-même, sur ses doutes et ses amours, sur ses recoins les plus secrets. Ce souple messager, « connaisseur de la nuit », invite même Daniel Arsand à franchir le fleuve qui sépare les vivants des morts et à parler de son père, disparu il y a longtemps. Malraux disait qu'il aurait aimé être chat chez Mallarmé — ce qui est sûr, c'est que Que Tal fut heureux d'être chat chez Daniel Arsand, son compagnon homme.

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"Je suis devenu écrivain parce que délivré du regard parental.
Je suis devenu écrivain avec un ange gardien.
Que Tal se vautrait royalement sur mon bureau, tandis que sous ma plume naissaient tant bien que mal des personnages.
Il rêvait.
Lorsque je butais sur un des personnages, parce qu'il perdait chair et voix, qu'il était mensonge sans éclat ou vérité négligeable, je posais instantanément mon stylo et m'abandonnais à la contemplation de ma splendeur, de l'animal de neige.
Sa beauté apaisait mes inquiétudes, balayait mon découragement.
Vivre à deux, ce fut cela écrire entre transe et sérénité." "... il me faudra écrire, écrire dix mots et en retrancher onze afin d'aller à l'essentiel, même si l'essentiel n'est qu'une baudruche, écrire ce que j'ai été, purin et tas d'or, ce que je ne suis pas encore, écrire, tant de vérités et tant d'illusions, y- a- t'il une frontière entre les deux, écrire ce que je risque de devenir, ce que je ne peux pas être, ce que je ne veux pas être, ce que je rêve d'être, ça fouette les sangs, écrire, ça tourment, illusions qui me stimulent, vérités qui me décapitent, j'écrirais ce que je serais, ce que je suis déjà, qui sait, un fantôme, un peu de crépuscule, un peu d'aurore, voilà ce que j'écrirais."

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Autre titre possible du livre: oraison funèbre pour un chat beauté. Livre que Daniel Arsand a consacré à son chat. Ce sarcophage littéraire va rendre jaloux beaucoup de monde dans l’entourage de l’écrivain. Ce chat est parvenu à déclencher un manuscrit à son auteur quand bon nombre des ses proches n’ont même pas eu droit à un aphorisme en guise d’adieu. De nombreux ouvrages ont été consacrés aux félins domestiques dont ceux de Rilke/Balthus (Mitsou), Colette, Simenon, voire Marie Dormoy. Dans celui de Daniel Arsand on perçoit une grande force spirituelle.  «Le Petit chat est mort», dit Agnès dans L’Ecole des femmes. Chez Arsand, plus on avance dans le récit, plus on se dit que son chat a bien eu de la chance d’avoir été autant aimé. Certains héros de romans d’amour ne reçoivent pas le dixième de ce qu’a donné Arsand à son chat pendant douze ans. Cela fait longtemps que l’écrivain a compris qu’écrire était la meilleure façon d’occuper la solitude. « Les autres ne me manquaient pas. Il est rare qu’ils me manquent. Ils ont si peu d’épaisseur, de réalité. Et je suis si peu.» Son chat était l’encrier de son âme. C’est sans doute le chat qui a perdu le plus, du fait de ne plus pouvoir être apprécié par un maître aussi plein de tact. Dans les histoires d’amour qui se terminent, on pense souvent : je ne l’aime plus, je ne suis plus. Comme la mort, n’est pas une rupture sentimentale, Daniel Arsand aime toujours son chat réduit à un tas de cendres . « Ma vie en partie tissée de ces deux pôles : absence et mélancolie. La mémoire que nous avons de notre passé empêche-t-elle de sombrer ? » Arsand est un ébéniste de mots. On sent une discipline de fer pour organiser ses phrases qui sont toutes dépourvues de l’insupportable trace de la besogne d’un être sans grâce d’écriture. Son récit est émaillé de pépites.  Une « succession de balafres ». Puisque son chat est mort d’une embolie, Daniel Arsand se reproche de n’avoir pas su déceler la fatidique « insuffisance respiratoire ». Par contre, il ne se demande pas si la fumée de ses cigarettes a fait du mal à Que Tal. Au-dessus des volutes de fumée qui enveloppaient Daniel Arsand il manquait l’éternité. Avec ce livre, elle est retrouvée. Les pages forment le linceul idéal pour le chat d’un écrivain au style qui ne ronronne pas.

(Commentaire trouvé sur le web).

Lina est partie le 27 novembre 2012. Elle laisse une plaie béante.

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